Eglise Saint-Genès à Curtil-sous-Buffières

De Wiki Mâcon Sud Bourgogne

L’église romane Saint-Genès est depuis toujours l’église paroissiale de Curtil-sous-Buffières, commune située dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. L'église est probablement construite dans la première moitié du XIIe siècle, comme en témoignent l’épaisseur des murs, la voûte en berceau sous le clocher, ou encore l’utilisation des arcs brisés. Ce qu’il advient de l’église dans les siècles suivants est incertain. Toujours est-il qu’une importante rénovation a vraisemblablement lieu au XVIIe siècle. A cette époque-là, de nombreux édifices de la région sont endommagés par les Guerres de Religion, ce qui est probablement le cas à Curtil-sous-Buffières. Le mur sud de la nef, la voûte de l’abside et le haut du clocher sont alors remaniés. La nef est également plafonnée, sa voûte s’étant effondrée. Au milieu du XIXe siècle, le curé en charge de la paroisse décrit une église dans un état déplorable, non entretenue et qui ne peut plus accueillir les fidèles en toute sécurité. Plusieurs restaurations sont alors lancées : réparations des poutres du plafond, reprise du dallage, construction de la sacristie moderne. A la fin du siècle, la partie supérieure du clocher est également reconstruite. L’église garde aujourd’hui une sobriété toute romane et une atmosphère chaleureuse. Elle abrite par ailleurs une piéta en bois polychrome du XVIe siècle, inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1980.

Eglise Saint-Genès (©CEP)
Adresse Le Village, 71520 Curtil-sous-Buffières
Coordonnées GPS 46°24'08.2"N 4°31'34.4"E
Paroisse de rattachement Paroisse de Cluny Saint Benoît
Protection Monuments Historiques Pietà du XVIe siècle inscrite en 1980

Historique

Le village de Curtil-sous-Buffières est mentionné pour la première fois vers 898 : In villa Curtilis, Matisconensi pago[1]. La localité est ensuite mentionnée plusieurs fois aux Xe et XIe siècles, mais son nom ne se fixe sur Curtil sous Buffieres[2] qu’au XVIIe siècle. Le village est situé sur une ancienne route royale, impériale et nationale. Il s’agit aujourd’hui de la route touristique entre Mâcon et Charolles. Le village est dès l’origine un lieu d’étape et de pèlerinage, ce qui est toujours les cas : Curtil est considérée comme la dernière halte avant de changer de versant pour aller vers Compostelle[3].

L’église de Curtil-sous-Buffières est un petit édifice roman qui pourrait dater du début du XIIe siècle. Elle est dédiée à saint Genès d’Arles[4], martyr chrétien mort en 308[5]. Au moment de sa construction, elle est à la collation de l’évêque de Mâcon et le centre de la paroisse de Curtil. L’édifice n’est mentionné pour la première fois que vers le XIVe siècle, dans un pouillé : Ecclesia de Curtili (alias Curtilli) subtus Bufferias[6]. Ce qu’il advient de l’église dans les siècles qui suivent est incertain. Elle connaît vraisemblablement une phase de ruine partielle[7] au XVIe siècle, au moment des Guerres de Religion : le mur sud de la nef, la voûte de cette dernière ainsi que celle de l’abside et le sommet du clocher sont détruits. Au XVIIe siècle, les dommages sont visiblement réparés.

Au XIXe siècle, l’église de Curtil-sous-Buffières fait l’objet de plusieurs restaurations. En 1852, une lettre du curé desservant fait état d’une église dans un état déplorable, devenue dangereuse pour les fidèles qui viennent y suivre l’office. Elle avait jusque-là été peu entretenue. En 1853, un devis est demandé à l’architecte Vaillant, afin d’établir un projet de rénovation. En 1855, le devis est finalement modifié pour n’inclure que les réparations jugées indispensables : « construction d’une sacristie, réfection des murs renversés du cimetière, élargissement des deux croisées du sud de l’église, réfection du dallage, du degré de la table de communion, réfection des poutres du plafond en mauvais état »[8]. Les travaux sont réceptionnés en 1857.

En 1882, le clocher menace de s’effondrer. Une restauration est donc rapidement engagée : le sommet du mur est relevé d’environ 60 centimètres au-dessus des baies, la charpente et la toiture sont refaites, le clocher entièrement restauré. Le devis des travaux s’élevant à 1827.08 francs est en partie réglé grâce au leg de 1000 francs fait par l’ancien curé Mr Budin, décédé en 1880[9]. Les travaux sont réalisés par Claude Després, entrepreneur à Mazille, sur les plans de l’architecte Monni, de Cluny[10].

L’église Saint-Genès a depuis été régulièrement entretenue et mise aux normes (électricité, assainissement etc.). En 2015, une équipe d’étudiants en architecture du Kyoto Institute of Technology (Japon) ont entièrement mesuré l’édifice et dressé ses plans, sous la direction du professeur Masatsugu Nishida.


Anecdote :

Une source d’eau se trouvant près de l’église (désormais comprise dans l’enceinte de l’ancien prieuré) avait, dit-on, des propriétés curatives (ces eaux guérissaient la fièvre, le rhume, les rhumatismes, et donnaient du lait aux nourrices[11]). Pour la fête de saint Genest, le 25 Août, la population faisait pèlerinage en ces lieux (et ce jusqu’au XXe siècle). L’implantation d’un culte chrétien à côté de cette source pourrait indiquer la présence d’un culte antérieur à cet endroit.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

L’église Saint-Genès est un édifice de taille modeste, simplement composé d’une nef unique rectangulaire, d’une travée sous clocher flanquée d’une sacristie, et d’une abside. Elle est bien orientée, son chœur tourné vers l’est. L’édifice est quasi-exclusivement bâti en grès : « Les murs sont constitués de blocs non appareillés noyés dans le mortier, tous les éléments structuraux (arcs, contreforts, chaînages d'angle) sont faits de blocs de moyen appareil très bien dressés. Les murs sont très épais, entre 98 et 110 cm. Le bâtiment porte la trace d'une phase de ruine assez avancée : effondrement de la voûte de la nef et d'une grande partie du mur sud, effondrement du cul-de-four de l'abside, effondrement probable du haut du clocher. » [12].

Plans ©CEP

Toute utilisation des plans à titre de documentation ou de restauration de l'édifice est autorisée. Toute autre utilisation à titre commercial ou à titre de publication est soumise à l'autorisation stricte du CEP, agissant comme maître d'ouvrage et propriétaire des droits.


La façade ouest est percée d’une porte ancienne assez simple, surmontée d’un arc de décharge, et dont le tympan est nu et le linteau supporté par deux consoles. Les piédroits de la porte sont gravés de croix rustiques. En haut du pignon, une petite baie éclaire les combles. Les murs de la nef sont différents, le gouttereau sud ayant été reconstruit. Il est ouvert de deux larges fenêtres dont l’arc est allongé, et d’une porte simple accessible via quatre marches. Le gouttereau nord est percé de deux baies très étroites en plein cintre, doublement ébrasées. Un contrefort épais épaule le mur en son centre. La travée sous clocher est flanquée de contreforts massifs, dont ceux au sud sont en partie englobés dans la sacristie. La travée est ouverte au nord d’une baie longue et étroite, à l’arc allongé. Le clocher barlong surmonte cette travée. Son soubassement est simplement percé de la porte d’accès au nord, et son unique niveau est doté d’une baie en plein cintre par face, sans décor. Le clocher est coiffé d’une courte pyramide à quatre pans. L’abside en hémicycle complète l’édifice à l’est. Elle est ouverte de trois petites baies longues et étroites, à ébrasement intérieur, dont celle au sud a été remaniée. L’abside est épaulée de contreforts de faible saillie, contigus à la travée sous clocher. Une corniche à modillons nus supporte la toiture en laves. Les croisillons sont aussi en lauzes, tandis que la nef et le clocher sont couverts de tuiles.

A l’intérieur, l’édifice est entièrement dallé. Le niveau de la nef a vraisemblablement été relevé d’environ 60cm[13]. Longue de deux travées, cette dernière est plafonnée. Les murs latéraux ont chacun un gros pilastre en leur milieu, qui soutenaient l’arc doubleau de la voûte d’origine[14], en berceau brisé. Au nord, deux gros arcs brisés sont plaqués contre le mur, de part et d’autre du pilastre médian, et retombent sur des impostes. Ils servaient à l’origine d’arcs de décharge pour le poids de la voûte. La travée sous clocher, assez étroite, est voûtée d’un berceau brisé. Elle est encadrée par quatre arcs de même profil, reposant sur des consoles moulurées, dont ceux au nord et au sud sont plus bas que les autres. A l’ouest, l’arc triomphal est coupé par le plafond moderne. L’ouverture carrée au centre de la voûte est l’ancien accès au clocher. Celui-ci est bâti en blocs de grès non-appareillés. Il y a une rupture bien nette dans la maçonnerie, juste au niveau des arcs des baies : les blocs de grès laissent place à de petits moellons calcaire, puis à une partie mixe en grès et en calcaire. Seule la partie en blocs de grès est romane, homogène avec l’appareil de la nef. Le haut du clocher a donc été reconstruit. A l’est, l’abside est voûtée en cul-de-four et accueille le maître-autel. La base des murs est marquée par un cordon de pierre.

Inventaire décor et mobilier

  • Arcades murales (intérieures)
  • Statuaire :

Pietà[15] populaire du XVIe siècle en bois peint polychrome, inscrite M.H en 1980 (gauche de la nef)

Saint Antoine (droite de la nef)

Vierge à l’Enfant (droite de l’arc triomphal)

Saint Genès (gauche de l’arc triomphal)

Notre-Dame de Lourdes (arc triomphal)

Le Sacré-Cœur (arc triomphal)

Sainte Thérèse de Lisieux (gauche de la nef)

Sainte Philomène (nef)

Saint Joseph et l’Enfant Jésus (nef)

Saint Antoine de Padoue (nef)

Christ en croix en bois polychrome (voûte de la travée sous clocher)

  • Tableaux :

Les Pèlerins d’Emmaüs (au-dessus de la porte principale) : copie d’un tableau de Titien (XVIe siècle), réalisée au XIXe siècle par Mlle Frichot[16]. Ce tableau fut offert en 1859 par Napoléon III.

Notre-Dame des Douleurs (Vierge au pied de la Croix), au-dessus du confessionnal

Ecce Homo, don de Madame Poncet (travée sous clocher)

Représentation encadrée de sainte Thérèse de Lisieux

  • Grille de communion
  • Autel moderne (travée sous clocher)
  • Maître-autel en bois peint et doré, début XIXe siècle[17] (abside)
  • Tabernacle au-dessus de l'autel :

« Le tabernacle, à trois pans, de type baroque tardif, peint et doré, est délimité par des colonnettes torses qui encadrent deux niches à coquilles, aujourd’hui vides de statuettes. Le dais ajouré est constitué par quatre colonnettes torses et dominé par un cul-de-four orné par trois têtes d’angelots issants de nuées. La partie supérieure est bordée par une dentelure tréflée sommée d’un Christ en croix. Le dais protège un crucifix en métal doré sur pied bagué, aux bras fleurdelisés à leur intersection et leurs extrémités.[18]»

  • Bénitier métallique encastré (près de la porte latérale)
  • Consoles moulurées de la nef
  • Confessionnal en bois (contre le mur ouest)
  • Plaque commémorative des soldats tombés au combat (contre le mur ouest)
  • Certificat de l'Archiconfrérie de la Garde d'Honneur délivré par le monastère de la Visitation de Bourg dans l'Ain (en-dessous de saint Antoine)
  • Pierres gravées de croix (à l’extérieur)
  • Croix de cimetière (1786)
  • Cloche datée de 1869

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

1855 : restaurations d’urgence

1869 : fonte de la cloche

1882 : rénovation du clocher

XXe :

Travaux d’entretien et de modernisation (électricité, assainissement)

XXIe :

2015 : une équipe d’étudiants japonais dresse les plans de l’édifice

  • Etat :

L’église Saint-Genès est dans un état convenable mais nécessiterait une restauration intérieure appliquée.

  • Classement :

Une Piéta en bois polychrome du XVIe siècle est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1980.

Actualités

Pour connaître l’actualité de l’édifice, contacter directement la mairie.

Un blog privé (non-officiel) rend également compte de la vie de la commune :

Curtil sous Buff

Visite

L’église est constamment fermée.

Pour la visiter, prendre rendez-vous auprès de la mairie.


L’accès à l’édifice semble compliqué pour les personnes à mobilité réduite (les abords de l’église sont difficilement praticables). Toutefois, la porte occidentale ne comporte pas de marches et peut laisser passer un fauteuil roulant.

Association engagée

Aucune association n’est spécifiquement dédiée à la sauvegarde de l’église et à son entretien. Néanmoins, le comité des fêtes et des loisirs du village s’engage pour sa mise en valeur.

Iconographie ancienne et récente



Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • GUERREAU, Alain, Notes d’observations, 2015.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1970 :

Archives départementales de la Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Curtil-sous-Buffières

  • Fiche édifice de la Pastorale du tourisme 71 :

Eglise Saint-Genès

  • Plans et relevés réalisés en 2015 par une équipe d’étudiants en architecture japonais du Kyoto Institute of Technology, sous la direction du professeur Masatsugu Nishida.

Propriétaire / Contact

Curtil-sous-Buffières

03 85 50 26 66

commune.curtil@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

  • Ancien prieuré de moines espagnols, près de l’église :

Ils offraient l’hospitalité aux pèlerins pendant trois jours maximum, après quoi il leur fallait partir. Au-dessus du portail, on peut lire l’inscription suivante : « huespedes y peces allos tres dias hyede », « Les hôtes comme les poissons au bout de trois jours sentent mauvais ». On lit également la date de 1624 au-dessus de la porte. C’est une propriété privée qui ne se visite pas.

Eglise moderne qui utilise le chevet de l’ancienne église romane comme croisillon du transept. Des chapiteaux et modillons sculptés témoignent de l’influence clunisienne sur la construction de l’édifice d’origine.

Notes et références

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  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  2. Ibidem
  3. Fiche du pays d’art et d’histoire
  4. Il faisait office de greffier à Arles en Gaule et refusa d'enregistrer les édits qui ordonnaient de persécuter les chrétiens. Saisi par la police romaine, il fut décapité, recevant ainsi le baptême du sang alors qu'il n'était encore que catéchumène – nominis.fr
  5. D’autres sources la placent sous le patronage de saint Genès de Rome, saltimbanque qui reçut la grâce de la foi et refusa d’y renoncer malgré les tortures, martyr au IVe siècle.
  6. Rigault
  7. Guerreau, Alain, Notes d’observations.
  8. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.
  9. Sa tombe se trouve juste à côté de l’édifice.
  10. Oursel
  11. Curtil-sous-Buff
  12. Guerreau, Alain. Curtil-sous-Buffières, zone granitique, mais couche de grès au hameau à la partie supérieure du Laurendon, juste au nord de l'église
  13. Guerreau
  14. Elle est mentionnée dans une visite pastorale de 1675 – Jean Virey
  15. Vierge recevant son fils Jésus à la descente de la croix ; « Le Christ, petit, écrasé sur les genoux presque croisés de Sa Mère, le bras droit abandonné traînant ; la Mère, mains jointes dans un geste d’effroi, visage fort et anguleux » - Oursel
  16. Oursel
  17. Oursel
  18. Pastorale du tourisme